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LE CHEMIN DU ROSAIRE ET L’ANNONCIADE
A MENTON (06)
Menton est la fameuse ville frontière située entre la Principauté de
Monaco et l’Italie. Pendant cinq siècles, elle fut monégasque. Elle
est remarquable par son site, les Alpes s’y jetant dans la mer, par
son climat, le plus doux de France, et par son patrimoine varié.
A partir du Xème ou
XIème siècle,
et jusqu’au XIIIème siècle,
s’élevait au sommet de la colline qui sépare les vallées du
Careï et du Borrigo, à 225 mètres d’altitude, le château et le
village de Pépin (ou Puypin). Ce nom vient de Podium Pinum et
signifie « colline des pins ». Son emplacement est contesté,
mais il semble fort être le même que celui du Monastère actuel
de l’Annonciade. Les sources documentaires anciennes sont rares.
Au XIIIe siècle, les Vento, seigneurs des lieux, quittèrent
Pépin et s’installèrent dans leur nouveau château de Menton, à
l’emplacement occupé actuellement par le vieux cimetière. La
population suivit et s’établit dans ce qui est maintenant la
vieille ville. Pépin fut abandonné, sauf la chapelle du château
qui subsista.
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Ce déplacement était courant dans la région à cette époque. Après la
reconquête sur les sarrasins au Xe siècle, les châteaux et villages
furent bâtis sur les hauteurs. Puis, les attaques devenant moins
fréquentes, ils se déplacèrent vers des sites plus accueillants. De
l’ancien habitat ne subsiste souvent plus qu’une chapelle.
Au XIVe siècle, Charles Grimaldi, Seigneur de Monaco, acheta la
seigneurie de Menton aux Vento.
En 1641, le Prince Honoré II de Monaco chassa les occupants
espagnols. Un de ses lieutenants, Jean-Jérôme de Monléon, offrit en
ex-voto à l’Annonciade un retable en bois doré représentant
l’Annonciation. Il est aujourd’hui dans la crypte.
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Vers 1660, une Princesse de Monaco, atteinte de la lèpre lors
d’un pèlerinage en Terre Sainte, fut miraculeusement guérie en
invoquant l’Annonciade de Menton. Certains documents nomment
Isabelle, sœur de Louis Ier. Mais d’après "Monaco, ses princes,
ses princesses" publié par les éditions St-Georges, sous la
direction de M. Joseph Fattorusso, il n’eut aucune sœur portant
ce nom. En remerciement, cette princesse fit édifier, sur le
chemin qui mène au monastère, quinze oratoires dédiés aux
Mystères du Rosaire. Malgré l’abondance des documents d’archives
monégasques pour le XVIIe siècle, « nulle part les Archives du
Palais [de Monaco] ne font état de la Princesse Isabelle, de sa
vie, de sa maladie et de sa guérison. Il en est de même pour le
Chemin du Rosaire et la bénédiction des quinze oratoires. » Nous
devons ces précisions à un Adjoint au Conservateur des Archives
du Palais Princier, spécialiste de cette époque, que nous
remercions. Une telle absence de document nous laisse perplexe,
et nous poursuivons nos recherches dans les archives des
alentours. D’autre part, la décoration initiale de ces oratoires
est inconnue.
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Suite à plusieurs apparitions de Notre-Dame, Saint Dominique
(1170-1221), fondateur des Frères Prêcheurs dits Dominicains, propagea
la dévotion du Rosaire dans la chrétienté, d’ou les multiples chemins
du Rosaire, dans nombre de paroisses.
En 1694, douze prêtres Mentonnais fondèrent la Congrégation de Puypin
et bâtirent le « Monastère » de l’Annonciade. Ce denier nom, « Annunciata »
en mentonasque, signifie « Annoncée », c’est-à-dire la Vierge
Annoncée, la Vierge qui a reçu l’Annonce de l’Incarnation par
l’Archange Gabriel.
Étudions dans le détail ces quinze oratoires en commençant par
leur thème, car chaque oratoire correspond à un Mystère, et
ceux-ci sont groupés en trois séries de cinq.
D’abord, les Mystères Joyeux : l’Annonciation, la Visitation, la
Naissance de Jésus, la Présentation de l’Enfant-Jésus au Temple
et le Recouvrement de l’Enfant-Jésus.
Puis les Mystères Douloureux : l’Agonie de Jésus au jardin des
Oliviers, la Flagellation, le Couronnement d’Épines, le
Portement de Croix et le Crucifiement.
Et enfin les Mystères Glorieux : la Résurrection, l’Ascension,
la Pentecôte, l’Assomption et le Couronnement de Notre-Dame.
Le but de ces prières est de méditer ces Mystères en récitant
son chapelet pour mener une vie chrétienne.
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En 1808, le monastère, confisqué lors de la révolution, fut
acheté par Jérôme de Monléon. En 1867, les Capucins de Gênes,
chassés d’Italie, y furent accueillis par le Marquis de Monléon.
Ils y restèrent jusqu’en 1887, année du grand tremblement de
terre, survenu le jour des Cendres, qui causa de gros dégâts au
monastère. Les Capucins de la Province de Lyon les remplacèrent
en 1893, puis furent chassés par l’état en 1903 et revinrent en
1922.
De 1930 à 1932, sous l’impulsion du R. P. Gratien de Corbeil,
Gardien du couvent, furent reconstruites les quinze « chapelettes »
par souscription publique. Abel Gléna en fut l’architecte, et
Guillaume Cerutti-Maori le fresquiste. Elles furent bénies en
1932 par Mgr Rémond, Évêque de Nice. Un document paru en 1937,
intitulé « Les chapelles du Rosaire, nous indique que plusieurs
restaurations avaient eu lieu avant celle-ci, sans plus de
précisions.
En 1981, étant donné le mauvais état des fresques, des panneaux
« provisoires » en terre cuite furent placés devant.
Mme Jacqueline Verdini en dirigea l’exécution. Ils sont toujours
en place.
En 1998, les Capucins s’éteignirent et vendirent le monastère.
En 2000, des religieuses de l’Ordre de l’Annonciade, fondé par
Sainte Jeanne de France, prirent leur place. Par une coïncidence
surprenante, cet Ordre et ce lieu portent le même nom rare. Les
religieuses firent rénover les trois derniers oratoires.
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Depuis l’été 2008, des « tagueurs » sévissent dans le chemin. De
plus, des dégradations sérieuses de la maçonnerie se produisent. Au
début de 2010, nous avons donc adressé un courrier détaillé au
Député-Maire de Menton. Sa réponse montre sa détermination à effectuer
les restaurations, qui concerneront peut-être aussi les fresques. Nous
vous tiendrons au courant des travaux.
En plus des quinze de la série, se trouvent le long du Chemin du
Rosaire quatre oratoires. Deux firent partie de l’ensemble mais furent
remplacés parce qu’ils sont enterrés donc humides. L’un d’entre eux,
entre le 1er et le 2e Mystère Glorieux, est particulièrement
intéressant parce que sa forme est différente, et peut remonter à
l’origine de la construction au XVIIe siècle.
Un autre ancien oratoire de la série est situé au 34 chemin du
Rosaire, entre le 5e Mystère Joyeux et le 1er Mystère Douloureux. Il a
été restauré par sa propriétaire à ses frais en 2008. Les maçons l’ont
recouvert de ciment blanc, ce qu’il faut éviter de faire sur de la
chaux
En effet, à la longue, l’humidité absorbée par la maçonnerie à
la chaux est emprisonnée et finit par faire tomber le ciment.
Lorsque nous avons fait connaissance de la propriétaire, nous
lui avons proposé de poursuivre gratuitement la restauration :
nettoyage du ciment, offre d’une statue qui a donné son nom à
l’oratoire (Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse), badigeon
bleu derrière la statue, peinture de la grille, création d’un
escalier d’accès et d’un parterre. Il reste à poursuivre la
décoration.
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Deux autres oratoires sont présents. L’un est situé au début du
chemin. Il contient une petite statue remplacée plusieurs fois à cause
de vols. L’autre est une niche vide au-dessus d’une porte.
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Nous essayons d’obtenir les autorisations de rénovation de ces
oratoires privés, ce qui n’est pas facile malgré la gratuité
pour les propriétaires. Outre ces restaurations, nos projets
sont d’ordres divers : compléter notre inventaire sur www.oratoires.com,
organiser des visites guidées, créer des notices pour l’office
de tourisme et écrire des articles.
Si vous venez à Menton, sachez que le Chemin du Rosaire débute
en face de la gare routière, et que sa dénivelée est d’environ
200 mètres. Vous pouvez aussi monter à l’Annonciade en voiture
ou en car, et passer devant les derniers oratoires dans les
escaliers.
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Le site et le panorama sont splendides, la chapelle du monastère
silencieuse en haut de sa colline, plus proche des cieux appelle à la
méditation et méritent la visite.
Textes et photos H. POULLAIN
Le 23 juin 2010
Connaissance et Sauvegarde des Oratoires
Le Beverly, 226 B Avenue de La Lanterne, 06200 NICE
Tél : 06 16 76 19 09 - oratoires.asso@gmail.com
Association d'Intérêt Général
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