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INDULGENCES & ORATOIRES

L’indulgence qui a longtemps fait débat, vient du latin ‘indulgere ‘ «accorder», est la rémission totale ou partielle devant Dieu d'un péché déjà pardonné. Cette pratique fit débat dans l’Eglise au cours des siècles, par ce qu'on appelait le Commerce des Indulgences, suite à la pratique dans l’église du XII siècle environ à bien après la Renaissance, de pouvoir se voir racheter ses fautes moyennant finances.  Ce fut l'un des sujets de la révolte de Martin Luther et l’origine de la réforme  Luthérienne.

Aujourd’hui, le Code de droit canonique  consacre aux indulgences le chapitre IV du titre IV portant sur le sacrement de pénitence.
Le canon 992 définit l'indulgence comme  « la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions déterminées, par l'action de l'Église, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints ». Cette définition est tirée de l'encyclique Indulgentiarum doctrina  de Paul VI.

A l’instar des reliques, les indulgences accordées par les Souverains Pontifes ont joué un rôle important dans la fréquentation des pèlerinages, suscitant le déplacement de foules nombreuses.

En 1630, Mgr du Chaisne, évêque de Senez, obtint du Pape Urbain VIII une bulle accordant une indulgence plénière et perpétuelle aux confréries Notre-Dame de la Roche de Castellane.

Paul V le 11 novembre 1607, Urbain VIII le 20 décembre 1639 et Innocent X le 20 janvier 1645, ont accordé une indulgence plénière à toute personne qui visitera la chapelle du désert d'Entrevaux le jour de la nativité de saint Jean-Baptiste. « Par un Bref du 26 mai 1810, visé et reconnu authentique par Mgr. l'Évêque de Digne, notre Saint Père le Pape, Pie VII, accorde à perpétuité à tous les fidèles de l'un et de l'autre sexe, qui véritablement contrits, confessés et communiés; visiteront l'ancienne cathédrale de Glandéves actuellement église paroissiale de la ville d'Entrevaux, ou la chapelle du Désert, les jours de la Nativité de Saint Jean-Baptiste ou de la Décollation, à commencer aux premières Vêpres de la veille des dits jours, jusqu'au coucher du soleil le lendemain et y prieront dévotement à l'intention du Saint Père, une indulgence plénière et rémission de tous leurs péchés, applicable par manière de suffrage aux âmes du Purgatoire.

Pour faciliter aux nombreux fidèles qui viennent aux Fêtes de Saint Jean, le moyen de participer à la précieuse faveur accordée par le Souverain Pontife, Mgr. l'évêque de Digne autorise le Curé d'Entrevaux à s'adjoindre pour entendre les confessions, d'un nombre suffisant de prêtres approuvés dans le diocèse et ces prêtres ainsi que les vicaires de la paroisse, sont par là même approuvés pour absoudre des cas réservés.

"Défense expresse est faite par Mgr. l'Évêque d'admettre les personnes qui n'auraient pas fait leurs Pâques dans leur paroisse, aussi bien que celles qui solliciteraient leur admission, dans la vue d'éluder les épreuves auxquelles leur pasteur, ou confesseur ordinaire, aurait jugé à propos de les soumettre"

A Lurs, l’indulgence de la Portioncule est accordée à toute personne participant au pèlerinage de Notre-Dame des Anges le 2 janvier, le lundi de Pentecôte et le 2 du mois d’août.

A Meyronnes, un diplôme pontifical du 10 janvier 1837 concède aux pèlerins de saint Ours une indulgence plénière.

Le 26 avril 1655, le Pape Alexandre VII publie une bulle accordant de nombreuses indulgences pour la visite du sanctuaire de Notre-Dame de Lure

Le 20 juin 1890, Léon XIII accorde une indulgence plénière aux pèlerins se rendant à Notre-Dame de la Fleur de Thorame-Haute :

« A tous les fidèles du Christ qui auront connaissance des présentes lettres salut et bénédiction apostoliques ! Animé du pieux désir de développer  le sentiment religieux des fidèles et de contribuer au salut des âmes au moyen des trésors célestes de l’Église, nos concédons, par miséricorde divine, à tous les fidèles du Christ de l’un et de l’autre sexe qui dans un esprit de véritable pénitence s’étant confessés et ayant communiés visiteraient dévotement la chapelle publique dédiée à la Bienheureuse Vierge Marie, dite de la Fleur, au lieu de Thorame-Haute (diocèse de Digne) le lundi qui suit immédiatement le dimanche de Pentecôte et également le second dimanche d’octobre, entre les premières vêpres et le coucher du soleil, ces jours-là chaque année, en priant avec ferveur pour la concorde entre les princes chrétiens, l’éradication des hérésies, la conversion des pécheurs et l’exaltation de notre Sainte Mère l’Église, l’indulgence plénière et la rémission de tous leurs péchés, avec application également aux âmes des fidèles du Christ qui, unis à Dieu en quittant la lumière de ce monde, peuvent en bénéficier selon le mode du suffrage. Les lettres présentes à valoir pour une durée de sept ans.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, sous le sceau du Pécheur, le 20 juin 1890, en la treizième année de notre pontificat »
                                                                                                                                            M. Card. Ledochowski

INDULGENCES ACCORDÉES PAR LES ÉVÊQUES
À L’OCCASION DE L’ÉRECTION DE NOUVEAUX ORATOIRES

Dans le but d’encourager les pratiques religieuses des populations dont ils ont la charge, les évêques accordèrent à leur tour des indulgences dans certaines circonstances, telles que lors de l’érection de nouveaux oratoires.

Cette pratique répandue dans divers diocèses, tels ceux de Lille, Arras, Amiens, Besançon, Saint-Claude, Annecy, Chambéry, nous semble par contre totalement inconnue dans d’autres, comme dans le diocèse de Digne, où l’on ne trouve aucune inscription de ce type.

La proclamation officielle du Concordat le 8 avril 1801, entraina une importante modification de la carte des diocèses de France avec la suppression de nombreux Diocèses d’Ancien Régime. Ainsi, en Provence, les diocèses de Gap, Glandéves, Riez, Senez, et Sisteron furent supprimés au bénéfice de celui de Digne. L’annexion en 1793, de la Savoie par la France, et celle de la République de Genève, en 1798, avaient entrainé un nouveau découpage administratif de la Savoie avec deux départements : le département du Mont-Blanc avec Chambéry pour chef-lieu, et les diocèses d’Annecy, Chambéry, Moûtiers et Saint-Jean de Maurienne, et celui du Léman, avec Genève comme chef-lieu, englobant le nord de la Savoie l’ancien territoire de Genève et le pays de Gex. Les diocèses de Tarentaise et de Saint-Jean de Maurienne furent supprimés, le 29 novembre 1801 au bénéfice du Diocèse de Chambéry.

Le jour même de la proclamation du Concordat la première promotion épiscopale fut publiée : 14 évêques d’Ancien Régime, 10 évêques constitutionnels, et 14 ecclésiastiques « du second ordre » soit au total 38 sur les 55 promus en 1802. Le 28 avril de la même année, Bonaparte publie une nouvelle proposition de trois évêques qui sont de la Tour d’Auvergne, Dubourg et le chanoine Dessolle nommé au Siège du nouvel évêché de Digne.


Mgr Irénée-Yves DESSOLLE

Mgr. Irénée-Yves DESSOLLE (1744-1824) resta en poste à Digne, réorganisant le diocèse et partageant son temps entre la préfecture de Digne et celle de Gap jusqu’à son transfèrement, en février 1805, au siège de Chambéry dont l’évêque, Mgr des Moustiers de Mérinville venait de donner sa démission.


Comme à Digne, sa juridiction s’étendait sur deux départements, Savoie et Haute-Savoie.


Dès son arrivée il se mit à l’œuvre pour poursuivre la réorganisation de son clergé en entreprenant des visites épiscopales des paroisses. On peut suivre ses déplacements en lisant les inscriptions gravées sur cinq oratoires.

VAILLY 74287 
ORATOIRE SAINTE-AGATHE

Erigé à l’angle d’un mur de soutènement en pierres sèches, l’édifice est composé de trois blocs de pierres de taille superposés. Le bloc supérieur est creusé d’une niche de plein cintre sous un toit de forme arrondie coiffé d’un débord formant auvent, surmonté d’une croix de fer forgé portant une plaque d’inscription.

La niche voûtée à fond plat, peinte en blanc, est fermée par une porte de fer grillagée ; elle abrite une statue polychrome de sainte Agathe, mains croisées, vêtue de bleu et de gris. Un bénitier à godrons est situé sur le côté droit de la niche. On venait prier devant cet oratoire pour implorer la protection de sainte Agathe pour les troupeaux en alpage.

Inscription gravée au-dessus de la niche :

“18 – SANTA AGATA ORA PRO NOBIS – 08”

Inscription sur la plaque de la croix:

«EN L'AN 1808 L'EVEQUE DE CHAMBERY ET GENEVE Mgr. IRENEE-YVES DESSOLLES ACCORDE 40 JRS D'IND. A TOUS CEUX QUI DIRONT DEVANT CET ORATOIRE UN PATER UN AVE UN CREDO».

Et difficilement lisible sur le socle : « PECHEURS CONVERTISSEZ VOUS FAITES PENITENCE»



 

LULLIN 74155 
ORATOIRE NOTRE-DAME D’EINSIEDELN


Edifice en pierres de taille de grand appareil, légèrement évasé à sa partie inférieure, la partie supérieure est en arc de cercle avec corniche débordante surmontée d'une croix de fer forgé ouvragée. Deux bénitiers à godrons surmontés de fleurs encadrent la niche voûtée et fermée par une porte vitrée protégeant une statue en bois polychrome d'une Vierge tenant une quenouille dans sa main gauche et portant son Divin Fils tenant le globe terrestre dans sa main. Le fronton est orné d’un cœur et de deux étoiles.

Inscriptions : au-dessus de la niche : "PIERRE PICCOT"

« MONSEIGNEUR IRENE YVES DESSOLES EVEQUE DE CHAMBERY & GENEVE ACCORDE 40 JOURS D’INDUL A CEUX QUI DIRONT DEVOTEMENT DEVANT CET ORATOIRE UN PATER ET 5 AVE ACTE DECONTRITION »

Cet oratoire a été construit par Pierre Piccot en 1816. Sa Mère s’était rendu à pied en pèlerinage à Einsiedeln et en avait rapporté la statue de la Vierge dans un sac. Cette statue est la réplique de celle qui se trouve à l’entrée du Monastère d’Einsiedeln.

BELLEVAUX 74032
ORATOIRE DE GEORGES GIROD MAITRE

DEDIÉ A LA VIERGE MARIE

Erigé en 1820 au centre du hameau de Terramont.

L'édifice est composé d'un bloc de pierre brut surmonté d'un bloc de pierre de taille servant de support à une niche monolithe de plein cintre sous un toit à deux pentes surmonté d'une grande croix de fer forgé ouvragée.

Les jambages de la niche, fermée par une porte vitrée, sont ornés de fleurs sculptées. Le bloc situé sous la niche est orné de deux vases (bénitiers) à godrons.

Entre les deux bénitiers les lettres S.B.M.


Au-dessous la dédicace est gravée dans un cartouche :

"MONSEIGNEUR ACCORDE 40 JOURS D'INDULGENCE A CEUX & A CELLES QUI DIRONT UN PATER & UN AVE UN ACTE DE FOI ET D’AMOUR DE DIEU DEVANT CET -18- ORATOIRE -20. GEORGE GIROD MAITRE"

BELLEVAUX 74032
ORATOIRE NOTRE-DAME

Erigé en 1820 au hameau des Houilles

Mgr. Irénée-Yves Dessolle étant évêque de Chambéry.

Edifice du type rencontré habituellement sur la commune de Bellevaux.

Construit en pierres de taille, sa niche de plein cintre s'ouvre sous un toit arrondi, avec corniche débordante, surmonté d'une haute croix de fer forgé. Sous la niche, fermée par une porte vitrée à cadre de fer doublée de grillage.

Deux bénitiers en saillie encadrent l'inscription gravée :

« LOUE SOIT JESUS CHRIST. JACQUES MEYNET »

Au-dessous sur le soubassement la dédicace

« Mgr. ACCORDE 40 JOURS D'INDULGENCE A CEUX QUI RECITERONT DEVANT CET ORATOIRE LES ACTES DE FOI D'ESPERANCE ET DE CHARITE. 1820 ».

En haut, en lettres très effacées : « SANCTA MARIA ORA PRO NOBIS »

LULLIN 74155
ORATOIRE NOTRE-DAME DES HANDICAPÉS

Edifice situé à 1016 mètres d’altitude au hameau de Vanverdanne.

Mgr. Irénée-Yves DESSOLLE étant évêque de Chambéry.

On accède par quatre marches à cet édifice construit en pierres de taille avec toit arrondi, à corniche débordante, supportant une grande croix de pierre de section cylindrique presque aussi haute que l'oratoire. Quatre petites croix en bas-relief sont sculptées à la base de la croix.

La niche voûtée, est fermée par une grille en fer cadenassée par une crosse en fer forgé. Elle abrite une Vierge couronnée avec l'Enfant Jésus étendant les bras. C'est la protectrice des handicapés.

Inscriptions : Au-dessus de la niche : "18 IHS 19" "Rd J.B. BAUD"

Sur une plaque sous la niche :

"MONSEIGNEUR ACORDE 40 JRS D'INDULE A PERPETUITE AUX FIDELES QUI RECITERON A GENOUX DEVANT CET ORATOIRE UN PATER ET UN AVE MARIA ET FORMERONT DES ACTES D'AMOUR DE DIEU ET DE CONTRITION. LE 10 SBRE 1819".


Cet oratoire a été construit par le Révérend Père Jean-Baptiste Baud, en reconnaissance de ce que le hameau avait été épargné par les inondations. Il a été restauré par Denis Manac'h, du hameau du Col du Feu.

o O o

Clichés Robert CARRIER.
Texte de Jean Dieudé sur une recherche documentaire de Marie-Madeleine Viré, publié dans le Bulletin Oratoires N°25 de mai 2012.
Publié le 10 janvier 2016


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