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Niches murales
et Linteaux de portes
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DU LARAIRE ROMAIN Á L’ORATOIRE CHRETIEN Lors d'un récent voyage en Campanie, j'ai été frappé par la ressemblance architecturale des laraires romains avec les oratoires chrétiens, d'ou l'idée de cette petite étude comparative. La religion chrétienne, religion révélée, s’est progressivement subsistée à la religion romaine d’une nature totalement différente car fondée sur un culte polythéiste dit des idoles qui sont des personnages mythologiques sans existences historiques, et essentiellement matérialisés par des statues et des dessins sur fresques. Très curieusement les romains d’origine convertis au christianisme, conservèrent dans leur nouvelle religion les formes des sanctuaires privés romains que nous retrouverons plusieurs siècles après un peu partout en Europe chrétienne, pour honorer les saints chrétiens. Cette étrange ressemblance entre les oratoires privés des romains appelés Laraires, et nos oratoires traditionnels d’aujourd’hui est tout à fait surprenante alors que les cultures sont tellement différentes et que 2000 ans les séparent. Les Cultes officiels romains
Les Cultes privés de la Cité Il y avait aussi des autels ou laraires publics dans la cité romaine, souvent au début de chaque rue, avec une statue d’un dieu sur un petit socle, ou bien une niche dans le bas d’un mur avec une statue ou une fresque, pour appeler la protection divine sur la rue, ses habitants et ses commerces. De même un Laraire public de la cité, genre de petit temple sur le forum, appelait aussi la protection d’un ou des dieux sur toute celle-ci.
Les Cultes domestiques romains A côté de ces cultes officiels et des cultes privés de la cité, il existait aussi une religion populaire qui concernait tous les citoyens et qui vénéraient les dieux protecteurs du foyer et des provisions, hébergés dans une construction appelée Lararium ou Sacrarium, le Laraire, c'est-à-dire un oratoire privé que l’on trouvait dans toutes les maisons.
Les Laraires, sont conçus soit sous la forme d’une niche à l’entrée,
soit sous celle d’un oratoire accolé à un mur ; ils sont généralement situés
dans l’atrium ou bien quelquefois dans le jardin du péristyle. Les dieux Lares, sont les protecteurs du foyer, et sont toujours représentés dansant en tenant une corne d’abondance. Les mânes ou âmes des ancêtres vertueux s’assimilèrent progressivement aux Lares. Certains dieux Lares protègent les cultures et les domaines, ils sont appelés les Lares Compitales, et des fêtes doivent les honorer, les Compitalia. Les Pénates, sont les génies protecteurs des provisions et des biens de la maison.
Ce culte est parfaitement défini par la loi du 8 novembre 392, proclamée par Théodose dans l' Empire devenu chrétien, qui interdit les cultes païens : "Que personne, absolument, ne sacrifie une victime innocente, ni, par un sacrilège plus discret, adorant son dieu lare par du feu, son génie par du vin, ses pénates par du parfum, n'allume des lampes, ne répande de l'encens, n'accroche de guirlandes" Ce culte résumé dans la loi ci-dessus, se pratiquait différemment suivant les maisons, il n’y avait pas de rituels définis, mais il devait être absolument respecté si l’on voulait que toute la maisonnée, esclaves compris, bénéficient de ces protections divines et donc de l’abondance de biens et de nourriture. Chaque jour on faisait des libations aux lares, on veillait à décorer le laraire, en offrant des fleurs, des fruits, des mets pour s’attirer les bonnes grâces de ces divinités. Ces édifices, les socles comme les niches était peints, et abritaient des statuettes généralement en bronze de ces dieux dans des attitudes de danseurs, et des statuettes des dieux officiels comme Jupiter, mercure, etc. Les Edifices Les ruines de Pompéi et d’Herculanum, villes ensevelies par l’éruption du Vésuve en 79 après J.C., nous ont livré des laraires en assez bon état, protégés par une très épaisse couche de cendres et de lave, les statues et les fresques sont parvenues jusqu'à nous au bout de près de 2000 ans. Nous sommes surpris de retrouver des architectures que nous connaissons bien et qui curieusement nous rappellent nos niches et nos oratoires provençaux, comme le montrent les photos ci-dessous.
Les laraires « Niches murales »
Chaque homme, citoyen romain, avait à
sa naissance son génie protecteur représenté par un serpent, les femmes
n’en avaient pas, elles étaient protégées par Junon. Ce serpent était
toujours peint sur les laraires.
Comparaison troublante d’oratoires que 2000 ans séparent
Photos : (1) Francis Libaud, et nous remercions : (2) Jackie and Bob Dunn, (3) Patricia Carlès, (4) Nanard Jones, (5) Collège J.Jaurès-Cransac, (6) Etablissement Bertrand de Born .
Sources : Ouvrages sur Pompéï, Herculanum, Musée archéologique de Naples,
etc,
Liens pour creuser : http://pompeiiinpictures.com/pompeiiinpictures/index.htm, Francis Libaud, 19 Novembre 2012 Connaissance et Sauvegarde des Oratoires |