Restaurations,
Constructions, & Bénédictions année 2021 Actualité du Patrimoine Chrétien Vernaculaire Nos manifestations pour vous Présentation des Oratoires Fontaines de dévotion Croix et Chemins de croix Arbres sacrés christianisés Niches murales et Linteaux de portes Ex voto des sanctuaires Hagiographies St Jean de Matha, les Trinitaires et l'esclavage Arabe La vie de Sainte Roseline Vie et légende de Saint Gens La vie de San Antonio di Sorrento La vie et les miracles de St Antoine de Padoue La vie et le martyr de Saint Ferreol Saint Expédit, un saint controversé ! Saint Bernard de Menthon Saint Vrain Évêque de Cavaillon et pèlerinage en Vendômois Les deux Évêques Saint-Véran Saint Quinis Prélat mérovingien Saint Dominique face aux Cathares Saint Bénézet et le pont d’Avignon Les dossiers Qui sommes nous? Adhésions Partenaires Bulletins semestriels Livres en vente Liens vers sites Web amis |
Hagiographies SAINT DOMINIQUE FACE AUX CATHARES Les croix et oratoires de la région de Fanjeaux (10) Dans la
région de Carcassonne
(Aude), il y a peu d’églises qui ne possèdent pas une statue ou un
tableau représentant saint Dominique. Le saint est figuré avec une
iconographie très simple correspondant au témoignage et à la
description de soeur Cécile, moniale réformée que Dominique avait
installée à Saint-Sixte de Rome en 1221 et qui fut témoin au procès en
canonisation : le saint porte son habit de chanoine d’Osma, soumis à la
règle de saint Augustin : tunique de laine blanche, surplis de lin,
chape et capuce de laine noire. Il tient à la main le livre, symbole de
sa mission de prêcheur et soeur Cécile ajoute « il restait toujours
souriant et joyeux à moins qu’il ne fût ému de compassion par quelque
affliction du prochain » (1). De fait, le souvenir du
saint est encore très vivace
en Lauragais où il vécut une dizaine d’années et entretenu par
plusieurs oratoires et lieux de mémoire.
En Août 1206 à Montpellier, trois moines cisterciens envoyés par le pape pour prêcher contre l’hérésie cathare firent la connaissance de l’évêque d’Osma - Diègue d’Acèbès - accompagné d’un jeune chanoine : Domingo de Guzman y Aza. Diègue choisit de rester avec son compagnon en Languedoc et de combattre l’hérésie par l’exemple de la pauvreté et le prêche. En compagnie des légats pontificaux Pierre de Castelnau et Raoul de Fonfroide, Diègue et Dominique vont traverser le Lauragais et se fixer, vers la fin de 1206, dans un castrum qui était alors le haut lieu de l’hérésie, tenu par Guilhabert de Castres : Fanjeaux. Au cours de l’hiver 1206-1207 ils créent le petit monastère de Prouille, destiné tout d’abord à abriter une dizaine de femmes qui avaient renoncé à l’hérésie et étaient rejetées par leur famille. Le monastère fut fondé par une charte du 17 Avril 1207 et se développa par la suite, en particulier grâce aux donations faites par Simon de Montfort, au moment où la croisade albigeoise se déchaîna dans le Midi (2). Cette fondation, bien modeste dans la réalité, prit cependant une dimension miraculeuse au XVII ème siècle sous la plume de deux historiographes de Dominique : Pierre Cambefort, prêtre de Fanjeaux et Jean Giffre de Rechac entré à Paris dans l’ordre des prêcheurs. Saint Dominique, se tenait au lieu le plus élevé de Fanjeaux, dominant toute la plaine alentour, quant il vit une grande lumière descendre du ciel, désignant ainsi le lieu où fut fondé Prouille. Le promontoire fut alors baptisé le Bourguet de Saint-Dominique, avant de devenir une cinquantaine d’années plus tard le Seignadou (le lieu du signe) (3).
Certains auteurs ont voulu faire de Dominique un inquisiteur, c’est le cas en particulier pour Bernard Gui (le grand inquisiteur) qui, dans ses Chroniques pourtant clairement documentées, s’est efforcé de lui faire jouer un rôle actif dans la Croisade. Cette version, peut-être accréditée par la bienveillance de Simon de Montfort envers le saint, sera reprise, au XIXème siècle par les Bollandistes (5). Pourtant ni Pierre des Vaux-de-Cernay dans son « Historia Albigensis », ni Guillaume de Tudèle dans sa « Chanson de la croisade albigeoise » ne mentionnent un rôle militaire ou politique de saint Dominique qui s’est certainement tenu en retrait pendant plusieurs années.
Les deux premiers oratoires remplacèrent sans doute des constructions plus anciennes et évoquent deux des miracles du saint.
Enfin, en contrebas du domaine de La Tour, une fontaine a été aménagée comme lieu de dévotion à saint Dominique.
Marie-Luce Jalbaud, (juin
2019)
Notes (1) Russo ( Daniel ), L’ordre des
Prêcheurs dans l’iconographie méridionale et ses modes de
représentation, dans Cahiers
de Fanjeaux, N° 36, éd. Privat, 2001, p. 359 et note 23, p. 378. (2) Roquebert ( Michel ), Saint
Dominique, la légende noire, Paris, 2003, p. 91-94. (3) Montagnes ( Bernard ),
L’historiographie de saint Dominique en pays toulousain de Rechac à
Touron (
1640-1740 ), dans Cahiers de Fanjeaux, N° 36, éd. Privat, 2001,
p.
458-459. (4) Montagnes ( Bernard ), op.
cit.,
p. 460. (5) Guerin ( Mgr Paul ), Les
petits Bollandistes. Vies des saints de l’Ancien et du Nouveau
testament,
Paris, 1878, t. IX, p. 290 et suivantes. (6) des Vaux-de-Cernay ( Pierre ),
Historia
Albigensis, Paris, 1967, paragraphe 54. (7) Jourdain de Saxe, Libellus de
principiis
ordinis fratrum praedicatorum, in Monumenta ordini fratrum
praedicatorum,
Rome, 1935, vol. XVI, chap. 25. (8) Montagnes ( Bernard ), op.
cit.,
p. 462-463. (9) Montagnes ( Bernard ), op.
cit.,
p. 464. (10) des Vaulx-Cernay ( Pierre ),
Histoire de la guerre des Albigeois, dans Collection des mémoires
relatifs à
l’histoire de France, éd. M. Guizot, Paris, 1824, p. 16-17. (11) Montagnes ( Bernard ), op.
cit., p. 466. (12) Montagnes ( Bernard ), op.
cit., p. 467. (13) Girou ( Jean ), Saint Dominique, révolutionnaire de Dieu, Albin Michel, 1959.
Connaissance et Sauvegarde des Oratoires |