Actualité du
Patrimoine
Chrétien Vernaculaire
Nos
manifestations
pour vous
Présentation
des Oratoires
Fontaines de
dévotion
Croix et
Chemins de croix
Arbres sacrés
christianisés
Niches murales
et Linteaux de portes
Ex voto des
sanctuaires
Hagiographies
St Jean de Matha, les Trinitaires
et l'esclavage Arabe
La vie de Sainte Roseline
Vie et légende de Saint Gens
La vie de San Antonio
di Sorrento
La vie et les miracles de
St Antoine de Padoue
La vie et le martyr de
Saint Ferreol
Saint Expédit,
un saint controversé !
Saint Bernard de Menthon
Saint Vrain Évêque de Cavaillon
et pèlerinage en Vendômois
Les deux Évêques Saint-Véran
Saint Quinis Prélat mérovingien
Saint Dominique
face aux Cathares
Saint Bénézet et le pont d’Avignon
Saint Sidoine, évêque du 1er
siècle en Gaule
Les dossiers
Qui sommes
nous?
Adhésions
Partenaires
Bulletins
semestriels
Livres en vente
Liens vers sites Web amis
|
Hagiographies
SAINT BÉNÉZET ET LE PONT D’AVIGNON
Lorsque l’on évoque la ville d’Avignon, la première image qui vient à
l’esprit, avant même la Palais des Papes, est celle du pont d’Avignon
rendu célèbre par la chanson : « Sur
le pont d’Avignon l’on y danse tout en rond ». Cette chanson,
remonte au XVème siècle et faisait partie des nombreuses chansons
populaires appelées « chansons des oreillers » qui accompagnaient les
mariages.
Ce texte avec sa mélodie actuelle sera immortalisé par Adolphe Adam,
en 1853, dans son opérette : « Le sourd ou l’Auberge pleine ». A cette
époque les Avignonnais ne dansaient pas sur le pont, vu son
étroitesse, mais sous le pont. Les îles du Rhône formant un lieu de
détente privilégié.
Ci-contre la partition de la celèbre chanson >
|
|
Gravure de Martellange
XVII Siècle
|
Par contre ce qui est moins connu, c’est l’origine du pont !
Selon la tradition, la construction du pont d’Avignon aurait débuté
en 1177 à l’instigation d’un certain Bénézet qui d’après les
documents de l’époque était désigné : « Frère Bénézet, Frater
Bénédictus, promoteur et ministre de l’oeuvre du pont ». Le pont
sera terminé en 1185 soit un an après la mort de Bénézet décédé le
11 avril 1184. Quelques années plus tard, en novembre 1202, on le
retrouve sous le vocable de saint Bénézet (Béatus Bénédictus), c’est
alors que se forme sa légende.
Si l’on en croit les petits Bollandistes, c’est en l’année 1165, que
vint au monde, à Hermillon, près de Saint-Jean-de-Maurienne en
Savoie, un enfant nommé Benoît. La population le surnomme Bénézet
(petit Benoît). Issu d’une pauvre famille de bergers, ses parents
lui apprennent très jeune à aimer Dieu. Il perd son père enfant et
devient à son tour berger.
|
Mais, depuis de nombreuses années Hermillon
en Savoie et Le Villard, commune de Burzet en Vivarais se disputent
l’honneur d’avoir enfanté saint Bénézet. Actuellement en se référant à la
charte avignonnaise on semble être d’accord pour reconnaître à Burzet
(Ardèche) cette prérogative. C’est surtout au XVIII ème siècle que le
culte de saint Bénézet s’est répandu dans le Vivarais puisque la chapelle
du Villard (commune de Burzet) a été construite en 1727-1728 et que Mgr
François Renaud-de-Villeneuve promulgue en 1737 le « propre du diocèse de
Viviers » ou la fête de saint Bénézet figure au 14 avril, alors qu’elle
était fixée à cette même date à Avignon depuis 1331 dans le propre de
l’église Saint-Agricol. Le tableau, qui se trouve dans la chapelle,
représentant le saint date de 1729 et a été offert par l’évêque de Viviers
et c’est en 1849 que Mgr Guibert archevêque d’Avignon offrit au diocèse de
Viviers des reliques de saint Bénézet qui se trouvent à Burzet ainsi qu’au
grand séminaire et à la cathédrale de Viviers.
Statue en bois du
XVIII° siècle
à la paroisse de Burzet
|
Statue en bois doré
de Bénézet
portant la pierre, à
Notre Dame des Doms
|
Reliquaire de St
Bénézet donné à Burzet par l'Archevêque d'Avignon en 1849.
|
Tableau de
l'église de Burzet représentant Saint Bénézet
|
La statue du saint en bois de mélèze date du XVIIIème siècle et
celle en bois doré de l’église paroissiale de Burzet de 1809, quant à
la bannière brodée elle est de 1890.
Maison natale
de Bénézet
au Villard à Burzet (07)
|
Rocher de Montandré
à Hermillon (73)
|
En revanche Hermillon, contrairement au Villard, ne possède plus la
maison présumée natale du saint puisqu'elle fut détruite durant la
seconde guerre mondiale, mais on peut encore voir au-dessus de
Montandré, le rocher dit de saint Bénézet qui conserve l’empreinte
des genoux du saint en prière !
Dans l’église paroissiale d’Hermillon existe une peinture à
l’effigie du saint, due au peintre Jean-Baptiste Jomard (1780-1868),
et si l’on ne trouve aucune trace historique du culte de saint
Bénézet en Ardèche avant le XVII ème siècle il existerait par contre
à Hermillon, selon le chanoine Favre une fondation de messe au XVème
siècle et des reliques à Montandré en Maurienne selon un inventaire
de 1685.
< Voir ci-joint les deux témoignages matériels
|
En somme si de nos jours Burzet semble emporter la paternité
de saint Bénézet sur Hermillon, c’est sans doute plus par la volonté et la
ténacité des Burzetins que par une preuve historique irréfutable autre que
la tradition. A moins que la vérité soit ailleurs. En effet, le chanoine
de Laon indique une origine en Narbonnaise au « Castellum Amillau »,
toponyme presque identique à celui de la charte Lyonnaise de 1245 «
Almillat ». Ce toponyme est très fréquent en Languedoc notamment dans les
départements de l’Hérault et du Gard ou il existe un village saint-Bénézet
et à trois kilomètres d’Aramon, sur la digue du Rhône, un oratoire à saint
Bénézet, détruit par l’inondation de 1872, sans parler du nom de famille
Bénézet (ou Benazet et Benezech) très répandu en Occitanie.
Le 13 septembre 1177, alors qu’il était âgé de 12 ans, eut
lieu une éclipse totale de soleil, Bénézet était aux champs, Jésus-Christ
lui parla dans l’obscurité et lui dit : «
Laisse là ton troupeau et va me bâtir un
pont sur le Rhône - Seigneur, je ne sais où est le Rhône; je n’ose quitter
ma mère et nos brebis et je ne suis point capable de construire un pont -
Sois sans crainte, aie confiance en moi : je pourvoirai à tout ».
Le jeune berger obéit et part, conduit par un ange qui avait
pris l’apparence d’un pèlerin. Il vient à Avignon, expose l’objet de sa
mission à l’évêque et au viguier. Croyant d’abord avoir à faire à un
insensé, ils changent d’avis lorsqu’ils voient le petit Benoît prendre,
après avoir prié et fait le signe de la croix, une pierre gigantesque que
30 hommes n’eussent pu soulever, la mettre sur ses épaules et la porter au
bord du Rhône. Tout le monde crie au miracle, le viguier est le premier à
reconnaître le prodige, et veut contribuer à une oeuvre divine, d’autant
plus que l’événement fut suivi d’un grand nombre de miracles rendant la
vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds et la marche aux paralytiques.
A cette époque, il ne fallait pas moins qu’une intervention
divine pour faire ce que ni les Romains, ni Charlemagne n’avaient osé
tenter sur un fleuve aussi large et rapide. Le pont de Jésus-Christ
entreprit par Bénézet avait dix-huit cent quarante pas de longueur et cinq
de largeur ; il comprenait dix huit arches. A sa mort le saint laissait
derrière lui « la corporation des frères pontifes d’Avignon, qu’il avait
fondée, pour achever, conserver, réparer le pont et loger les voyageurs
indigents ».
Carte postale ancienne
de l'autre face de la pile
|
Carte postale ancienne
avec la pile portant les chapelles,
en bas la chapelle St Bénézet et au dessus la chapelle St Nicolas
|
Comme toute légende, celle de saint Bénézet, a un fond de
vérité. Qui était donc ce saint ? Bénézet n’était ni maçon, ni tailleur de
pierre, ni architecte, sa mission, avec l’aide des « Frères » qu’il avait
groupés autour de lui sous le nom de « ordre des frères pontifes » était
de diriger l’oeuvre du pont et de quêter pour elle. A cette fin, les «
Frères du Pont » se rendaient de paroisse en paroisse pour recueillir des
fonds. A la messe du dimanche, l’un des frères montait en chaire et lisait
la pieuse légende de saint Bénézet, écrite pour édifier et toucher les
fidèles après quoi on tendait la corbeille pour recueillir les offrandes.
L’ordre des frères pontifes, devait trouver beaucoup d’argent non
seulement pour entretenir le pont mais aussi pour subvenir aux besoins de
l’hospice qui se trouvait à proximité. D’ailleurs si l’on en croit la
tradition ce serait Bénézet luit-même qui aurait acheté en 1181 à Galburge
et Raymond Malvicini, son fils, une maison avec jardin pour loger les
voyageurs indigents car Avignon était l’une des voies empruntées par les
nombreux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle venant d’Italie, pour
traverser le Rhône. Ce qui explique l’afflux de pèlerins dans la chapelle
qu’il avait fait bâtir sur la deuxième pile du pont et dans laquelle il
fut enseveli selon son souhait. Il était alors de coutume de se recueillir
dans les chapelles au passage du pont, afin de se mettre sous la
protection du saint.
Chapelle St Bénézet sur le pont
|
Gisant de St Bénézet
dans la collégiale
Saint Didier
à Avignon
|
Niche St Bénézet à
Avignon
|
La chapelle Saint-Bénézet qui était achevée en 1184 a connu
par la suite des modifications. En effet, au XIII ème siècle, une deuxième
chapelle est construite, à la chapelle basse d’origine qui est romane, se
superpose une chapelle gothique dédiée à saint Nicolas, protecteur de la
confrérie des nautoniers. Quant aux reliques du saint elles sont
aujourd’hui dispersées dans divers édifices d’Avignon. En 1674, la
sépulture de saint Bénézet a été déplacée en l’église des Célestins car le
pont menaçait ruine.
A la Révolution la chapelle saint Bénézet des Célestins, qui avait été
aménagée en 1690 par l’architecte Jean Péru, est dévastée et le mobilier
transféré à l’église Saint-Didier et à la métropole Notre-Dame-des-Doms.
De nos jours, des milliers de touristes viennent visiter ce
qui est devenu un monument historique dont ne subsiste que les quatre
premières arches, côté Avignon et la double chapelle dédiée à saint
Bénézet, devenu officiellement un des protecteurs de la ville et à saint
Nicolas, protecteur des mariniers, sans toutefois oublier la chanson,
transformée en comptine pour endormir les enfants.
Dominique FABRIÉ
Bibliographie
succincte concernant saint Bénézet
Guérin (Paul),
Les petits Bollandistes,
Paris, 1878, t. IV, p. 394-402.
Chabannes (Jacques),
Tous les saints du calendrier,
Perrin, Paris, 1970, p. 365-366.
Girard (Joseph),
Evocation du Vieil Avignon,
éd. de Minuit, Paris, 1958, p; 349-354.
Laurent (Jean),
Saint Bénézet : « Le pâtre Burzetin »,
Aubenas, 1996.
Saint Bénézet, Dossier publié à
l’occasion de l’exposition tenue au Musée du Petit-Palais de novembre 1984 à
février 1985, dans Mémoires de
l’Académie de Vaucluse, 7ème série,
t. V, année 1984, p. 93 - 210.
Pasqualini (Elise),
Nos oratoires de Savoie,
2005, t. 2, p. 82.
Connaissance et Sauvegarde des Oratoires
Le Beverly, 226 B Avenue de La Lanterne, 06200 NICE
Tél : 06 16 76 19 09 - oratoires.asso@gmail.com
Association d'Intérêt Général
|